Nikola Jokic est-il le meilleur joueur all-time choisi au second tour de draft ?
Les débuts d'un prodige ?
Né à Sombor le 19 février 1995, Nikola Jokic a grandi dans une petite ville, au cœur de la province de Voïvodine au Nord de la Serbie. Il se décrit lui même comme un adolescent obèse, détestant l'effort physique et passe la plus part de son temps libre a monter à cheval, sa première passion étant les courses hippiques. Ce sont ses deux frères qui lui transmettront la passion pour la balle orange. Il démontre immédiatement une certaine aisance balle en mains, et se fera très vite repéré dans sa ville natale.
C'est en 2012, alors âgé de 16 ans, qu'il rejoint la pépinière de talents de Mega, à Belgrade. Le staff lui interdit l'entraînement pendant deux semaines, tant sa condition physique est atroce. Il effectuera une première année dans l'équipe junior pour faire ses classes, avant de rejoindre le groupe pro la saison d'après, afin de jouer ses premiers matchs dans le championnat serbe. Son jeu se précise, ses qualités sautent aux yeux.
Nikola Jokic dans l'équipe de Mega Vizura (ligue serbe) / (Debut.gr)
Les certitudes
C'est lors de sa troisième année passée dans la capitale serbe que Niko mettra tout le monde d'accord. À 18 ans, il termine la saison avec 10,9 pts / 6 rbs et 3 pad de moyenne, les scoots NBA ne perdront pas plus de temps. Il est sélectionné en 41e position de la draft 2014 par les Denver Nuggets. Le pivot serbe ne quittera cependant les parquets européens qu'à l'été 2015, après une dernière saison pour confirmer ce talent naissant. Avec 18,4 pts/ 10,4 rbs et 2,7 pad de moyenne, c'est l'heure de s'envoler pour la grande ligue.
LA NBA
Le staff de sa nouvelle franchise met en place un programme spécial pour l'entretien de sa condition physique, et les problèmes de surpoids s'améliorent très rapidement. En 2015/2016, la première saison outre atlantique pose les bases, avec 10pts/ 7 rbs et presque 3 pad de moyenne pour 21 min de temps de jeu. Niko gagne sa place dans l'équipe NBA all-rookie et finira même 3e de la course au ROY derrière Karl-Anthony Towns et Kristaps Porzingis.
C'est lors de la saison suivante que les choses se confirment vraiment. Il se positionne toujours en concurrence avec Jusuf Nurkic -un très bon pivot européen sélectionné au premier tour de la draft 2014- dans la rotation des Nuggets. C'est Jokic qui s'imposera finalement, et le front office de la franchise du Colorado n'aura d'autres choix que d'échanger Nurkic en Février 2017, pour le bon développement de sa pépite Serbe. Ceci sera sûrement l'une des toutes meilleures décisions prises de l'histoire des Nuggets, quand on connaît la suite...
Jokic terminera cet exercice 2016/2017 avec 16,7 pts et presque 10rbs/5pad de moyenne ce qui lui vaudra la deuxième place de la course au titre de meilleur progression de l'année, déjà derrière un certains Giannis Antetokounmpo. Tiens donc, encore une distinction individuelle qui passe sous le nez de Niko, mais ce n'est que partie remise..
Avec ce style de jeu toujours aussi créatif, et propre à lui-même, il est clairement devenu l'élément parfait autour duquel pour construire une équipe. Un vrai joueur collectif, adepte des passes spectaculaires et de tirs toujours plus difficiles, il possède un QI basket déjà bien supérieur à la moyenne des joueurs évoluant à son poste.
On commence déjà à y penser chez les observateurs NBA : a-t-on déjà vu un joueur aussi fort sélectionné au second tour de la draft ?
L'ascension
Nikola ne cesse de s'améliorer, jusqu'à devenir le leader des Nuggets et parapher un contrat de 148 M$ a l'été 2018. Le voici désormais numéro 1 de son équipe dans les statistiques de points, rebonds et passes décisives. Ses records en carrière dans chaque catégorie témoignent déjà de la fabuleuse diversité de son arsenal.
Derrière cela, le Joker inflige à la ligue 4 saisons de pur domination. Des lignes de stats hallucinantes, des highlights tous les soirs et du team spirit à revendre : voici la recette qui lui permet de finir 4 fois All-Star (2019-2022), 3 all NBA first team, et pour couronner le tout, 2 titres consécutifs de MVP de saison régulière en 2021 et 2022. Désormais, on change de catégorie, on change de stratosphère, Nikola Jokic est une superstar mondiale. Il signe une extension max de 264 M$ sur cinq ans avec sa franchise de toujours, c'est beau la fidélité.
Huit ans ont passé depuis son départ de Belgrade. L'exercice 21/22 terminé avec 27,10 pts /13,8 reb et 7,9 pad de moyenne, la barre est placée très très haute par le serbe, qui n'a cessé de grossir ses lignes statistiques au fil des ans. Et il commence cette nouvelle saison plutôt bien avec 24,8pts 11rebs et 10 pad. Il est même devenu le meilleur passeur de l'histoire des Nuggets le 19 janvier de cette année. Oui oui, un pivot meilleur passeur d'une franchise, encore une preuve du génie auquel nous avons affaire.
Fera t-il mieux que les saisons précédentes ? Peut-il glaner un troisième MVP consécutif ? Cela le ferait entrer dans un club fermé, composé de Bill Russel, Wilt Chamberlain et Larry Bird, des légendes du jeu, rien de moins.
Une limite au joker?
En termes de qualités et de distinctions individuelles je pense qu'il n'y a pas vraiment débat : Jokic semble véritablement être le meilleur joueur drafté au second tour.
C'est cependant le manque de trophés collectifs qui ouvre une discussion avec des joueurs également recrutés au second tour comme Manu Ginobili, Draymond Green ou encore Marc Gasol. Ces stars ont en effet su briller lors d'exploits et récompenses collectives.
Bref, il lui faut une bagouze, on va pas tourner autour du pot.
La franchise du Colorado a construit une belle équipe au fil des années. Et malgré des récents échecs en playoffs dûs aux pépins physiques de Jamal Murray et Michael Porter Jr, c'est un étonnant Aaron Gordon cette saison qui se révèle être le parfait bras droit pour Niko. Aura-t-on droit aux premières NBA Finals pour le Joker ? Ou même un tout premier titre de champion pour Denver ? Ce serait un exploit de plus pour la legacy de notre pivot passeur préfèré.
En attendant, profitons de le voir jouer, c'est un tel plaisir chaque soir qu'on ne veut pas que ça s'arrête. Toute la beauté de ce sport se révèle à travers son profil si atypique, que ça en devient de l'art.
Léo D.
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