Ben Simmons, le mal être d'un all-star
Nous sommes le 23 juin 2016, soir de la draft, au Barclays Center de Brooklyn. Les Philadelphia Sixers sont en plein « Process ». Au sortir d'une saison en 10V-72D leur octroyant le first Pick de cette cuvée, il n'y a aucun doute sur le choix qui sera fait ce soir là.
Ben Simmons est un jeune meneur hybride de 2m10, originaire d'Australie. Doté d’une très bonne vision de jeu, d’une maitrise des fondamentaux, et possédant des capacités défensives déjà au dessus de la moyenne, il est un athlète incroyable au profil très atypique. Star universitaire, il est souvent comparé à Magic Johnson ou encore à LeBron James. Rien que ça...
Simmons rejoint donc la Pennsylvanie cette année là, et ce dans un contexte plutôt favorable. En effet, il intègre une équipe en pleine construction, composée majoritairement de jeunes joueurs et de haut choix de draft, dont un certain Joël Embiid, sélectionné 2 ans plus tôt. L'équipe est elle-même encadrée par Bret Brown, ancien coach de la sélection Australienne, qui connait parfaitement les atouts et les défauts de son rookie. Bref, un parfait petit cocon pour le développement du jeune Ben. Malheureusement, à cause d’une blessure au genou, Ben Simmons sera out pour l’exercice 2016/2017, à l’instar de Joel Embiid, blessé au pied. Le Process ne commencera à porter ses fruits que l'année suivante. Encore un rookie qui ne jouera pas sa première saison. Enfin bref... 2017/2018 est une saison très prometteuse pour les Sixers, avec un bilan de 52 victoires pour 30 défaites. Embiid est élu All Star, et Simmons rookie de l'année, avec en moyenne 15.8 PTS, 8 REB et 8 PAD. C’est leur première qualification en Playoffs depuis 6 ans. Ils sortiront en demi-finale de conférence face aux Celtics.
Les bases sont posées, le duo fonctionne parfaitement la première année. Certains observateurs soulignent déjà un léger souci pour Simmons s’il ne progresse pas aux tirs, mais presque tous tombent sous son charme, tant il pèse déjà sur le jeu. L'avenir s'annonce radieux en Pennsylvanie.
À l'intersaison 2018/2019, Jimmy Butler et Tobias Harris rejoignent les rangs des Sixers à la free agency, pour construire une superteam autour de leur duo prometteur. Les Sixers iront chercher 51 victoires pour 31 défaites cette année là. Joël Embiid a droit à une nouvelle étoile et Simmons est élu All Star pour la première fois de sa jeune carrière. Ils décrochent une place en Playoffs et un nouveau statut de contender. Malheureusement, cette campagne tourne mal pour PHILA, et ce malgré deux grosses séries jouées par un Jimmy Bucket taille patron. D'ailleurs, on voit déjà un manque de leadership pour les deux talents maisons, incapables de prendre l'équipe en main. Les critiques s'intensifient à l’encontre de Ben Simmons, qui n'a pas vraiment progressé, ni aux tirs, ni sur le plan statistiques, durant ses deux premières saisons. Et là, c'est le début des problèmes pour lui. Les Sixers iront encore jusqu'en demi-finales de conférence. Ils se feront sortir par un Kawhi en mission pour ramener le trophée Larry O'Brien à Toronto. Simmons, Embiid et Butler seront aux premiers rang pour assister à l'un des plus gros shoot de l'histoire de la NBA.
Saison 2019/2020, un exercice particulier puisque COVID etc... Les statistiques de Ben Simmons commencent légèrement à baisser. Il ne prend plus un seul tir extérieur, mais son impact reste non-négligeable et il est élu All Star pour la deuxième fois. Les Sixers terminent cette saison avec 43 victoires pour 30 défaites. Ils se qualifieront ric-rac dans la bulle et réaliseront des Playoffs catastrophiques, avec une élimination au premier tour 4-0 contre Boston (sale). C'est la fin du Process.
Doc Rivers vient remplacer Bret Brown, le coach qui représentait le développement de ce Process depuis 2013. Ce remplacement marque un tournant dans la carrière du meneur Australien. En effet, celui-ci perd l’un de ses mentors et va devoir sortir de sa zone de confort, avec ce nouvel entraîneur qui n'hésitera pas à lui demander de prendre ses tirs.
Dès le début de la saison 2020/21, on sent que Ben Simmons n'y est plus. Il sera encore All Star, malgré des statistiques continuant de baisser. Il manque des matchs à cause de petits soucis physiques, et les critiques ne s'arrêtent plus. Surtout, il n'a plus la protection de son coach. La pente est glissante, et Ben Simmons n'a plus de frein. Le public s'en donne à cœur joie et son moral continuer de chuter. Il n'est presque plus agressif sur le parquet, loupe de plus en plus de lancers-francs, perd totalement confiance en son propre jeu et fini par ne plus du tout vouloir jouer au Basketball.
Le mal-être de Simmons se transforme petit à petit en peur des parquets. Durant les Playoffs, les Sixers iront de nouveau jusqu'en demi finale de conférence, cette fois-ci pour affronter les Hawks d'Atlanta. Cette série est une torture pour le meneur des Sixers, qui réalise ses pires stats en playoffs. Il semble vivre un véritable calvaire de pression, sur et hors parquets, au point qu'une rumeur survient peu avant le game 7 de cette demi finale, rapportant que Ben Simmons aurait transmis un faux test positif COVID pour ne pas jouer ce match décisif. Le staff ne l'aurait pas cru et aurait demandé au meneur de refaire le test devant eux, qui s'est avéré négatif.
Certains trouveront ça drôle, surtout quand on connaît le résultat de ce match. Pour ma part, je suis attristé par l’importance de la détresse dans laquelle ses détracteurs l’ont poussé.
En première ligne de ce nouvel échec cuisant en Playoffs, Ben Simmons se retrouvera de nouveau sous le feu des critiques et ne recevra ni le soutient de son coach, ni celui de son Franchise Player, Joël Embiid. C’est même l'inverse, puisque les deux étaient bien trop occupés à protéger leurs places et n'ont donc pas hésité à l'accabler de tous les torts du monde au sortir de cette défaite. Dur dur l'ambiance dans la ville de « l’amour fraternel » ...
Depuis, Ben Simmons a refusé de rejouer pour les Sixers, et fut échangé aux Nets contre James Harden. Il a ensuite été éloigné des parquets pendant plus d'un an avant de faire son retour lors de cette saison 2022/23, en jouant 42 petits matchs à 6 points de moyenne. Entre blessures et santé mentale, on a senti qu'il n'était pas vraiment là.
Maintenant, je ne peux m'empêcher de croire en un retour de cet homme. Il nous montre encore cet été qu'il travaille dur pour revenir à son meilleur niveau. On sait qu'il ne faut pas se fier au vidéos des pickup game avant la saison, mais rien que de le voir prendre du plaisir sur le terrain me remplit d'espoir. Après tout, il est encore sous contrat !
L’histoire de Ben Simmons invite à se souvenir qu’au delà de leur prouesses athlétiques ou techniques, les joueurs de NBA sont avant tout des êtres humains. Les critiques intempestives de leurs capacités contribuent non seulement à leur faire perdre confiance en leur jeu, mais également à dégrader leur santé mentale. Or, celle-ci n’est jamais à négliger et participe à l’accomplissement de la carrière des joueurs qui font exister la NBA. Les déclarations de Kevin Love, ou plus récemment de Ricky Rubio, nous rappellent que même les plus grands champions peuvent avoir une santé mentale fragile. Souvenez-vous de ceci, que vous soyez simple lecteur, commentateur candide ou journaliste avisé : l’acharnement collectif n’a jamais conduit qu’à détruire le mental de nos joueurs préférés.
Pour l’heure, Ben Simmons serait quasiment rétabli des quelques pépins physiques qu’il subissait en cette fin de saison. Nous lui souhaitons de retrouver confiance sur les parquets et obtenir la réussite que son talent lui permettra d’atteindre.
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