LA LÉGENDE POPOVICH - PARTIE 2
"Pop et l'Amiral"
Croyez-vous en l’alignement des planètes ? Si vous êtes encore sceptiques, l’histoire de Pop et l’amiral devrait vous faire changer d’avis. Reprenons où on en était : Pop va rejoindre les Spurs de San Antonio et faire ses débuts dans la Grande Ligue à l’été 1988. Il y rejoint Larry Brown, actuel coach principal, pour devenir son premier assistant. Un certain R.C. Buford intègre également le coaching staff la même année.
Avant l’arrivée de Pop, en 1987, l’équipe du Texas n’a pas vraiment brillé (28V-54D) et la première saison (1988/89) de Gregg Popovich à son poste d’assistant n’a pas amélioré les résultats de la franchise : celle-ci accuse 61 défaites, pour seulement 21 victoires. Le manque de talents individuels et la fragilité de la franchise sont palpables pour Pop, qui commence à voir l’ampleur du travail qui se dresse face à lui. Ce qu’il manque à cette franchise, c’est un franchise player. Ce franchise player, Pop le trouvera en la personne de l’« Amiral » David Robinson.
David Robinson sur la couverture du magasine Sport Illustrated - 1986
David Robinson n’a pas fait beaucoup de bruit au lycée et n’a pas vraiment tapé dans l’œil des recruteurs universitaires. Pour suivre les traces de son père, il prend, à l’été 1983, la direction de l’ US Naval Academy, où il effectue son service militaire et en profite pour rejoindre l’équipe de la Navy. C’est une véritable éclosion qui a lieu lors de ses premiers matchs. Il joue deux saisons incroyables en 1985 et 1986, qui lui permettront de remporter les deux prix des joueurs les plus prestigieux du basket-ball universitaires, les Naismith et Wooden Awards, en tant qu’homme de première classe de la Naval Academy (Sénior). Ses résultats en NCAA, ses distinctions individuelles, son grand potentiel, son image soignée et sa rigueur militaire (tiens, tiens, ça va plaire à Pop ça..) font de lui le prospect idéal pour reconstruire une équipe. C’est pour cette raison que le front office des Spurs sélectionnera David Robinson comme premier choix de la draft 1987. Cependant, l’Amiral devra attendre la fin de son service militaire pour faire ses débuts en NBA.
David Robinson et Gregg Popovich discute stratégie / via San Antonio Express-News
C’est alors le destin qui s’en mêle : Robinson est forcé d’interrompre son service militaire et doit dire adieu à sa carrière dans la Marine en 1989 à cause de ses 2 mètres 16, la Navy imposant des restrictions de tailles. Il rejoint donc les Spurs cet été-là pour faire ses débuts en NBA, une année seulement après l’arrivée de Gregg Popovich (Vous vous souvenez de l’alignement des planètes ?). Larry Brown, Pop et R.C. Buford ont désormais toutes les cartes en mains pour construire leur équipe. De plus, la rencontre entre Pop et Robinson, ce dernier représentant certainement le joueur que Pop n’a jamais pu être, a de quoi mettre la planète Basketball en ébullition.
La magie va opérer dès la première saison : record de franchise pour les Spurs avec 56 victoires pour 26 défaites, et un Robinson en 24.3 pts / 12 rbs et pas moins de 3.9 contres par matchs. Ces statistiques lui permettent d’obtenir le titre de Rookie of the Year, une sélection au All Star game 90, une place dans la All NBA 3rd Team, ainsi qu’une 6ème place à la course au MVP … Rien de moins… Ça y est, l’Amiral est arrivé.
Photo de Martha Jane Stanton/NBAE via Getty Images
Les Spurs seront malheureusement incapables de passer un second tour de playoffs deux années durant, et ce malgré de grosses saisons régulières, et un Amiral déjà calibre MVP. Ils sont malheureusement jugés trop "soft" par les observateurs de la NBA pour rêver de victoire. En conséquence, le front office décide de se séparer de Larry Brown à la mi-saison 1991/92. Un premier temps envisagé pour reprendre le poste de Head Coach, Pop décide de partir assister Don Nelson, alors entraineur des Golden State Warriors, pendant deux saisons.
Cependant, San Antonio, et en particulier Red McCombs, le propriétaire des Spurs, peinent à se séparer des talents de Pop. En effet, ce dernier a fait ses preuves tant sur le plan tactique, que social. En moins de trois ans, Pop a su créer un rapport unique avec les joueurs, grâce à cette fibre qui lui est propre. Par conséquent, le front office de San Antonio a fait des pieds et des mains pour le faire revenir, et c’est à l’aube de la saison 1994/95 que Gregg Popovich retrouvera le Texas, en qualité de Manager General.
David Robinson et Dennis Rodman se tenant côte à côte sur le terrain - 1994 / Brian Drake via Getty Images
Cette période de Pop dans le front office sera surtout marquée par le passage de Dennis Rodman. Bien que « The Worm » n’ait plus rien à prouver en tant que joueur, c’est son attitude et ses habitudes extravagantes qui font grincer des dents, et qui ne plaisent pas vraiment à Pop et son franchise player David Robinson. Et oui, l’armée c’est l’armée quoi.. San Antonio décide donc de l’échanger en octobre 1995 avec les Bulls, contre Will Perdue. On connait la suite, et à Chicago, on dit merci Mr Popovich.
Mais le tournant de l’immense carrière de Gregg Charles Popovich a lieu la saison suivante. Après un début d’exercice catastrophique en 1996-1997 (3V - 15D), il choisit de virer son coach Bob Hill et de le remplacer sur le banc, tout simplement ! Aujourd’hui, avec du recul, on peut dire que c’est probablement la meilleure décision prise dans l’histoire des Spurs, peut-être bien aussi dans l’histoire de la NBA, et même dans tous sports US confondus, quand on connait les conséquences de ce choix. La win, la win, la win !
Récapitulons : on a désormais une équipe des Spurs qui dispose d’un franchise player et d’un coach unique en son genre. Ne serait-ce pas la recette pour amener un premier titre à San Antonio ? L’histoire nous démontrera qu’il manque encore un ingrédient … À suivre.
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